Les prix de nos Cacaos augmentent

Notre monde est en constante évolution, et nous avions jusqu'à présent souhaité vous préserver, vous nos amis-clients fidèles, des fluctuations des prix de nos cacaos. Mais la mouvance mondiale nous rattrape et pour continuer à exister, nous devons augmenter nos prix ; en effet une "crise internationale" se vit depuis quelques mois sur le Cacao. Le point de départ de cette "crise" : des conditions climatiques compliquées sur mi et fin 2023 dans les régions d’élevage d'Afrique.

Il faut savoir que le cours (le prix de vente) du Cacao est fixé au niveau mondial et de fait chaque pays et chaque exportateur se doivent de respecter ce prix afin de vendre leurs productions. Nous sommes dans l'obligation d'acheter au prix du marché.

Cette situation va en parallèle permettre aux éleveurs du monde entier (dont la production sert principalement l'industrie du chocolat) de faire entendre leurs voix et de recevoir des revenus plus justes, qu'ils puissent luter contre la déforestation sur leurs terres de naissances et d'élevage, et de continuer à bercer leurs cacaoyers d'amour.

Vous pourrez lire de manière détaillée, ci-dessous, ce que nous vivons ; étroitement en lien malgré tout avec les cours boursiers, l'offre et la demande, la météo, l'évolution du niveau de la vie et les fluctuations de notre Monde. Ces données que nous sommes allés cherché pour vous tenir informé, sont bien plus connectés à l'industrie du chocolat, auquel le cacao est relié, mais créé une réalité bien présente.

Nous souhaitons de tout cœur que nos mots résonnent en vous.

Au plaisir
Julie
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Pourquoi assiste-t-on à une envolée spectaculaire des cours du cacao ?
Après une chute brutale de 30% en 2017, de 3000 USD/T à 2000 USD/T, les cours internationaux du cacao ont oscillé durant 7 ans autour de 2300 USD/T.
De nombreuses études ont montré que ces prix trop bas ont maintenu les deux tiers des producteurs d'Afrique de l'Ouest en dessous du seuil de pauvreté. Pour assurer un revenu décent aux producteurs de cacao, il est avéré qu'un prix de 4000 à 5000 USD/T aurait été nécessaire.
Sur les marchés à terme de Londres et de New York, les cours de la fèves de cacao ont connu une hausse continue depuis l'été 2023 et une envolée spectaculaire depuis le début de l'année 2024, pour atteindre le record absolu fin février de 6500 USD/T et pulvériser le score historique de 5500 USD/T en 1977.
En un an, les cours du cacao auront été multipliés par 2,8.

 Cette tendance haussière s'explique par une très mauvaise récolte en Afrique de l'Ouest, principalement due à des conditions météorologiques peu favorables avec de fortes pluies suivies d'une période de sécheresse en 2023.
Dans ces conditions, les plantations vieillissantes et menées en monoculture ont connu de fortes attaques des maladies du cacaoyer.

Dès les premiers comptages de fleurs des cacaoyers au mois de mai 2023, la mauvaise récolte d'octobre à décembre était annoncée. La décision de la Côte d'Ivoire de suspendre exceptionnellement ses ventes anticipées au mois de juillet a contribué à accélérer la hausse des cours.


En cours de saison, la baisse des rendements s'est confirmée.
Comme les deux pays représentent 60% de la production mondiale de cacao, cette baisse de l'offre génère un déficit sans précédent sur le marché du cacao. Les stocks internationaux de cacao ayant diminué au cours des dernières années, les tensions conduisent forcément à un déséquilibre entre offre et demande et à une hausse spectaculaire des cours.
La spéculation intervient-elle dans le phénomène de hausse ?
La hausse des cours est particulièrement alimentée par des fonds spéculatifs, la dernière crise financière ayant amené les hedge funds à se positionner sur les marchés des matières premières. Le cacao côté aux bourses de Londres et de New York est encore plus sensible à la spéculation.
En cas de déficit comme d'excédent, la spéculation s'appuie sur des causes réelles du marché physique, mais vient exagérer les tendances. En 2017, une surproduction de seulement 200 000 tonnes a conduit à un effondrement de 30% du prix du marché poussé par une spirale spéculative.
De la même façon, la spéculation à la hausse conduit aujourd'hui à ce record historique des cours du cacao. La Commodity Futures Trading Commission estimait que les opérateurs financiers ont investi un montant jamais égalé de 8,7 milliards de dollars au cours des derniers mois sur les bourses de New York et de Londres pour spéculer en faveur d'une hausse des cours du cacao.

Les fonds spéculatifs ne sont pas directement la cause de la hausse. Ils s'appuient à l’origine sur des causes réelles. Mais leurs apports massifs des liquidités conduisent le marché à des extrêmes qui n'ont plus de rapport avec les réalités physiques du cacao.
Les producteurs profitent-ils de la hausse des cours ?
En Côte d'Ivoire et au Ghana, les producteurs de cacao n'auront pas bénéficié des cours internationaux élevés en raison des systèmes de régulation du marché de ces deux pays qui, dans le cas présent, ont été un obstacle pour obtenir un prix plus élevé pour les producteurs.

En Côte d'Ivoire, le marché du cacao est régulé par le Conseil Café Cacao (CCC). Celui-ci n'achète, ni ne vend de cacao, mais enregistre et autorise tous les achats de cacao dans le pays.

Le système est différent au Ghana, puisque le Cocobod intervient directement sur le marché en achetant et en vendant les volumes de cacao. L'intervention de l'État ghanéen sous forme d'enchères se réalise également de façon très anticipée.

Dans les pays voisins comme le Togo ou le Cameroun, dont les marchés sont libéralisés, sans aucunes interventions de l’État sur le marché, les prix aux producteurs ont atteint des scores de 3,8 €/kg à 4,6 €/kg (2500 à 3000 FCFA) aux producteurs de cacao.


En Amérique latine, où les marchés sont libéralisés et plutôt concurrentiels, les prix aux producteurs sont en général de 400 à 500 USD/T de moins que le prix à l'exportation (FOB), cette différence représentant la rémunération des intermédiaires et des exportateurs.


Un cas intéressant est celui de l'Équateur, aujourd'hui le 3e producteur mondial de cacao. Alors que la récolte bat son plein dans le pays en ce début d'année 2024, les prix aux producteurs sont aux zéniths à plus de 5500 USD/T, alors qu’ils ne touchaient que 2200 USD/T au cours de la campagne 2023. Il faut préciser que l'Équateur est plus que jamais pris en otage par le narcotrafic de cocaïne avec un fort volume de liquidités injectées dans l'économie. Ce qui peut expliquer en partie la parfaite répercussion des cours de bourse, mêmes dans les zones rurales plus reculées.

D'autres pays actuellement, en récolte, comme Madagascar ou le Nicaragua montrent que les prix atteignent un plafond autour de 5000 USD/T, les opérateurs hésitant à prendre le risque de suivre les excès du marché boursier.
Les deux plus grands marchés de cacao bio que sont le Pérou et la République dominicaine vont prochainement entrer en campagne de récolte principale. Il est fort probable que ces deux pays suivent la dynamique de l'Équateur, car la demande du cacao bio ou de qualité supérieure qu'ils proposent ne cesse d'augmenter et les stocks mondiaux pour ces marchés de spécialité restent le plus souvent limités à environ six mois de consommation.
Les prix vont-ils baisser prochainement ?
L'évolution du marché est totalement liée à la situation de l'Afrique de l'Ouest. En Côte d'Ivoire, la production de cette campagne 2023-2024 est attendue autour de 1 750 000 tonnes, avec 1 300 000 tonnes sur la récolte principale d'octobre-décembre 2023 et 450 000 tonnes sur la récolte intermédiaire de mars-avril 2024.
La campagne précédente 2022-2023 avait atteint 2 300 000 tonnes selon les chiffres officiels. La baisse de la récolte ivoirienne de cacao pour 2023-2024 serait donc de 24 %.
Cette donnée semble être corroborée par des arrivées au port de la récolte principale d'octobre-décembre 2023 en net recul. À fin janvier, le volume de cacao arrivé au port était de 35% inférieur à celui de l’année dernière (N'Kalo, Bulletin marché du cacao, février 2024).
La crise actuelle provient bien d'un volume de ventes anticipées de la Côte d'Ivoire supérieur à la récolte, le pays ne pouvant honorer les contrats passés par ses exportateurs. Ce déficit évalué à 400 000 T doit être reporté sur la campagne intermédiaire de mars-avril 2024 qui risque d'être tout juste suffisante pour couvrir ce déficit. La réalité du déficit du marché ne devrait donc pas évoluer de Côte d'Ivoire. Le marché restera donc déficitaire et les cours ne devraient donc pas baisser significativement.

Passée la saison intermédiaire de mars-avril, que peut-on dire de l’impact de la récolte principale d’octobre - décembre 2024 ? Nombreux sont ceux qui pensent que cette récolte pourrait changer la donne et faire baisser les cours.
Néanmoins, personne ne peut prédire les résultats de la récolte avant les premiers comptages de fleurs en avril-mai. Et, en tout état de cause, en vertu du système de ventes anticipées de la Côte d’Ivoire, Un volume de 900 000 tonnes, soit environ 60% de la récolte supposée, a déjà été contractualisé à des prix se situant peut-être autour de 4 000 USD/T. Des ventes additionnelles se feront probablement avant le démarrage de la grande récolte d’octobre en fonction du résultat du comptage des fleurs (peut-être 100 0000 ou 200 000 tonnes), et enfin d’autres ventes se feront pendant la récolte.
Il est donc peu probable que les tendances du marché changent significativement avant cette prochaine récolte. Les perspectives à moyen terme militent pour des cours plutôt élevés dans l'avenir.
Certains éléments pourraient nous amener à penser que la production de la Côte d'Ivoire et du Ghana a atteint un pic lors de la campagne 2020/2021 et qu'elle pourrait connaître une phase descendante dans l'avenir. Le vieillissement des plantations, leur situation sanitaire dégradée, la baisse de fertilité des sols défrichés depuis plusieurs décennies sont autant d'éléments qui convergent vers une perspective pessimiste. D'autres cultures comme le palmier à huile, l'hévéa ou même la production alimentaire (banane, igname…) sont souvent préférées au cacao par les jeunes qui s'installent pour des raisons économiques et agronomiques.
Cela amène à...
... la fin d'un marché à prix bas pour Cacao, pour ses éleveurs et ses transformateurs, avec une approche plus respectueuse et une consommation en conscience.
Merci d'avoir pris le temps de nous lire.
Julie